100 km à pied pour une serviette
Prendre le petit déjeuner, visiter le château de Peyrelade, longer les gorges du Tarn sur des routes sinueuses, s’arrêter aux belvédères, profiter points de vues remarquables sur cette nature encore sauvage et intacte, se sentir libre comme les vautours qui tournoient dans le ciel, plonger dans le ventre de la terre par l’aven Armand et ses centaines de stalagmites en forme d’assiettes empilées. Tout ça pour une serviette !!!

Retourner à Millau, chercher les dossards, repérer les lieux, faire un tour dans le petit village marathon aux étals garnis de produits du terroir, sentir le stress monter doucement, palper la tension des coureurs, se demander ce qui va nous arriver le lendemain, trouver un restaurant pour manger des pâtes, demander du rab pour tenir la distance.
Tout ça pour une serviette !!!

Enfin le jour J. Avaler difficilement des pâtes au petit déjeuner, passer plusieurs fois aux toilettes, faire les photos de groupe dans la froideur matinale, se rendre au hall pour y déposer les affaires, passer au contrôle du dossard, attendre le départ, rentrer dans le SAS, suivre la fanfare qui joue et qui nous guide jusqu’à vrai départ (c’est comme au tour de France !!), taper dans les mains, compter les dernières secondes et enfin prendre le départ de ces mythiques 100km de Millau
Tout ça pour une serviette !!!

Se retrouver le jeudi matin à 6h00 à la gare à Strasbourg, les paupières encore lourdes, les pas mal assurés, se saluer, monter dans le train, attendre impatiemment le départ et guetter le lever de soleil. Boire un café ensemble, discuter de la forme du moment, se lancer des piques, jouer à la belote, rire aux blagues et devinettes qui fusent...
Tout ça pour une serviette !!!

Arriver enfin à destination à Montpellier, chercher la voiture de location, se rendre compte qu’on s’est trompé dans la réservation, s’entasser à cinq dans la Clio, emprunter les petites routes pittoresques de l’Hérault, puis de l’Aveyron, visiter le magnifique site de cirque de Navacelles, formé par un méandre de la rivière, jouer à Schumi pour rallier Millau et retrouver les autres copains…
Tout ça pour une serviette !!!

S’installer dans les chalets, se rendre au restaurant à 16 alors qu’on a réservé pour 12, se serrer les coudes, choisir les menus du terroir, prendre l’apéro en trinquant à ce qui nous attend, programmer la journée du lendemain, se coucher enfin et prendre un peu de repos. Tout ça pour une serviette !!!

St-Afrique et tout le retour, partagé entre dégout de la course à pied, ce sport si ingrat qui ne tolère aucune faiblesse et volonté farouche de pouvoir dire « Millau, j’en ai rêvé, je l’ai fait », de pouvoir porter avec fierté ce maillot tant désiré, s’accrocher, se battre, mettre péniblement un pied devant l’autre et oh miracle, sentir ses forces revenir, ses douleurs s’atténuer, pouvoir recommencer à courir, à dépasser même, ça fait bien 40km que ce n’est plus arrivé !! Reprendre espoir, accélérer tranquillement dans la nuit tombée, courir avec un collègue du Crédit Mutuel, l’encourager, suivre la guirlande de frontales, d’éclairage des vélos des suiveurs et de re-apercevoir le viaduc et le panneau « 90km ». Cette fois, j’en suis sûr, dans quelques km je serai un « cent-bornard » .Enfin Creissels, le dernier village avant Millau, une petite descente, le pont qui enjambe le Tarn et son panneau « 98km », les dernier pas de marche, puis la traversée de la ville sous les applaudissements, profiter de ce dernier km…
Tout ça pour une serviette !!!


Partir tranquillement la fleur au fusil, entamer cette première boucle qui longe le Tarn à travers de superbes paysages, traverser des villages en fête où les gens nous accueillent, nous encouragent, observer les églises serties tel des diamants sur les parois rocheuses, sentir enfin le soleil qui réchauffe nos muscles, repasser par Millau, taper ces mains d'enfants qui se tendent pour que la tienne vienne claquer dedans ! Sentir aussi la pollution citadine, vivement qu’on ressorte…
Tout ça pour une serviette !!!

Se sentir mal, avoir des doutes, se poser des questions, se reposer au pied d’une maison, voir les autres coureurs te passer et t’encourager à poursuivre, finalement repartir avec plus d’anxiété que de certitudes, alterner marche et course, apercevoir le viaduc qui est si près et pourtant si loin, se faire photographier avec le viaduc, oublier les pieds qui font mal, les muscles qui se raidissent, les intestins qui se révoltent et aller de l’avant, encore et encore
Tout ça pour une serviette !!!

Discuter un petit moment avec des coureurs qui connaissent les mêmes problèmes , prendre des nouvelles des "autres", croiser le premier en me demandant "mais-comment-il-fait". Continuer, commencer à serrer les dents. Gravir la côte de Tiergues , se laisser dépasser par des coureurs plus frais, résister à l’envi d’abandon ! Redescendre sur St-Afrique, et savoir que déjà, je suis à l'ouest et que le retour va être un calvaire !

Tout ça pour une serviette !!!

Accroupis de gauche à droite :
ULRICH Nicolas, FROWITTER Fabienne, SANSON Olivier (suiveur), JACOB Martine (suiveuse), ULRICH Sandrine (suiveuse)
Debout de gauche à droite :
BLANCK Jean-Claude, HAGER Thierry, HIFF Jean-Marc, KEYLING Christophe, DUDT Roby, KRIEGER Gérard, GERARD Christophe, DIFFINE Dominique, PFLUMIO Mathilde, JACOB Michel, PFLUMIO Michel, HAGER Thierry, LEVERT Jean

Les résultats.

Les 100 km de MILLAU
11 LEVERT Jean 08:51:46
83 KEYLING Christophe 10:02:07
273 BLANCK Jean-claude 11:27:29
414 DUDT Roby 12:13:16
515 HIFF Jean-marc 12:39:27
553 ULRICH Nicolas 12:47:39
610 DIFFINE Dominique 13:09:31
938 PFLUMIO Mathilde 15:05:57
949 HAGER Thierry 15:15:28


Franchir la ligne, faire quelques photos, savourer cette victoire sur soi-même, apprendre que Jean LEVERT, un coureur du club de la Robertsau qui nous a accompagné, a fait un superbe perf (11ème ), que Christophe KEYLING a tout donné comme d’habitude, se ravitailler, se laisser congratuler, serrer les mains des potes qui sont déjà là, croiser un regard, échanger un sourire, aller à la douche pour tenter de retrouver ses esprits, s’asseoir, laisser enfin reposer ses jambes et déjà penser au prochain « 100 bornes » pour améliorer son chrono et puis enfin, la prendre cette serviette, cette belle serviette bleue, et plonger sans fin son visage dedans, pour y noyer ses larmes.
Mais pas des larmes de déception, ni de regrets. Non, simplement des larmes de joie, de bonheur. De ce bonheur simple qui fait que l'on regarde la vie autrement.

Alors Tout ça pour une serviette !!!
OUI, mais une serviette flockée « 100km de MILLAU » !!

Reportage

Roby DUDT

Le marathon de MILLAU
17 GERARD Christophe 03:30:19
116 JACOB Michel 04:22:45
125 KRIEGER Gerard 04:27:49
199 FROWITTER Fabienne 05:22:25