reportage: Marcel Usselmann
Du cambouis à la plume, en passant par la course à pied


Christian Kehlhoffner (créateur du magazine Courir en Alsace) n’aime pas trop se dévoiler, et on le comprend. C'est avant tout un homme de terrain qui va vers les acteurs de l’événement. Si vous ne connaissez pas son parcours, c’est que vous n’avez pas lu le numéro 1 de Courir en Alsace, ce qui n’est pas bien grave, puisque ce qui suit, aura de quoi vous tenir en haleine, au fil d’un itinéraire hors du commun.

Un parcours atypique

''Tout a commencé en 1975, lors de mon service militaire'', se souvient-il. ''N’ayant pu me soustraire aux rudes footings matinaux qui faisaient partie intégrante de notre quotidien à cette époque, très vite un adjudant du 9ème RCP (régiment de parachutistes) de Toulouse m’a pris dans le collimateur en découvrant ma facilité de courir, et m’a sélectionné d’office ainsi que six de mes compères pour participer à notre première course''. Je me souviens encore de ses mots, ''vous êtes les heureux élus !'' disait-il avec un brin d’ironie dans la voix, ''l’animal ne savait pas si bien dire, car en fait de course, il s’agissait des 100 km du Condomois. Eh oui ! tant qu’à faire, chez les paras on ne faisait pas dans la dentelle, et çà tout le monde le savait ! D’ailleurs, je me demande encore aujourd’hui, comment je me suis sorti de cette galère ? Récompense ou punition allez savoir... En tous cas, si je suis là aujourd’hui pour vous raconter mon histoire, c’est que j’ai survécu à çà ! Bien plus tard, dès le retour dans mon Alsace natale, les footings réguliers se sont succédés, sans pour autant rechercher la compétition bien sûr. Mais voilà, lors de l’une de mes sorties le hasard me fît rencontrer Lucien Mary, également originaire de Geispolsheim. En fait, c'est lui qui m’a convaincu de rejoindre un club d’athlétisme, celui de l’IBAL anciennement (CCSSL)''.

Sport et cambouis,

''A partir de là, j’étais licencié FFA et, pour mes premières compétitions je découvrais les chaussures à crampons. Eh oui ! C’était l’hiver et la saison des cross. Bien vite aussi, j’avais pris goût à la piste, 3000m et 5000m, (mes distances de prédilections) se sont enchaînées, et en 1980 il y eut également les courses de Strasbourg, auxquelles, je n'ai jamais fait faux bond. Coté professionnel , j’avais un emploi du temps très chargé ; agent de maîtrise en carrosserie, j’étais bien naturellement un passionné de sports mécaniques. Aussi, depuis mon plus jeune âge, je pratiquais le karting. Bien sûr, je n’ai jamais eu la prétention d’être un Sébastien Loeb, mais j’ai quand même décroché un titre de champion d’Alsace-Lorraine en 1978 et de nombreuses victoires ont suivies. Ceux, qui sont passés par là le savent très bien ! Pour être derrière un volant, croyez moi, il faut avoir une bonne condition physique et l’athlétisme était une bonne école pour ça''.

La plume,

''Avec l’âge, on commence petit à petit à s’impliquer dans le monde associatif, et c’est souvent là, que l’on se découvre de nouvelles vocations. Un beau jour, on me désigna responsable presse puis correspondant régional pour la fédération (Spécial Karting) et un magazine national (Kart’one). Lors d’un déplacement pour le championnat du monde de karting à Parme en Italie, ou bizarrement aucun journaliste n’était présent, je n’ai pas hésité une seconde, j’ai saisi l’opportunité, et j’ai rédigé une pige que j’ai envoyé illico presto à la rédaction. Ils ont très bien apprécié mon initiative et m’ont proposé de le renouveler pour d’autres épreuves internationales. En même temps, je ne vous parle même pas de l’immense débauche d’énergie, que j’avais du fournir, pour organiser trois grand prix de karting à Strasbourg. Et c’était déjà avec mon partenaire de toujours, ‘‘Liqui Moly’’…..enfin…. rien que des beaux souvenirs !''

Le cauchemar,

''Tout allait bien, jusqu’au jour où, lors d’un entraînement hivernal au club de Lingolsheim, un motocycliste m’a heurté. Bilan : hospitalisation , fracture du poignet droit , longue immobilisation suivie de la perte de mon emploi , j’avais touché le fond ! Heureusement, mon entraîneur Sylvain Kessler ne m’a pas laissé tomber lui aussi ; il m’a soutenu et m’a aidé à garder le moral. Ce sera grâce à ma passion du journalisme, mais aussi à ma persévérance « acquise à travers le sport » que j’ai eu le courage de me recycler vers autre chose.''

''Après deux années de formation près de Paris, j’ai pu suivre une nouvelle orientation professionnelle, celle de graphiste-maquettiste. D’autres horizons se sont ouverts à moi, et comme j’étais très habile avec mon inconditionnel MAC, j’ai créé ma petite entreprise individuelle. Je reconnais, ce n’était pas facile au début, surtout après plusieurs tentatives infructueuses, mais néanmoins bénéfiques à l’élaboration d’un magazine régional (Info-Kart, Le Kart, Allez Lingo et une première tentative de Courir en Alsace en 1998). J’avais mis un pied dans un domaine, où je me découvrais une nouvelle passion.''

Courir en Alsace,

''Mon premier canard a vu le jour en 2004. Aujourd’hui, je suis persuadé que le manque de support régional aussi bien dans le sport mécanique que dans l’athlétisme fait cruellement défaut. Ceci a toujours suscité mon intérêt à mettre en page de multiples infos relatant ces disciplines. Je suis convaincu qu’en Alsace, il y a un potentiel de lecteurs qui attendaient cette initiative et ce sont eux, les heureux gagnants qui se retrouvent dans les pages de Courir en Alsace.
Merci pour vos encouragements, votre soutien aux correspondants, aux clubs, aux coureurs, aux partenaires, car c’est ensemble que nous feront avancer les belles aventures !''